La Tunisie est aux prises avec une menace imminente de pénurie d’eau qui pourrait avoir des conséquences dévastatrices sur la vie quotidienne des Tunisiens et l’économie du pays.
La sécheresse persistante a entraîné une diminution alarmante des réserves d’eau dans nos barrages, laissant le pays vulnérable à une crise de l’eau dans les mois à venir. Selon des données récentes de l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri), les stocks d’eau des barrages tunisiens ont déjà chuté de manière significative, enregistrant une baisse de 25,5 % le 6 de ce mois, pour atteindre un niveau critique de 586,493 millions de mètres cubes. Cette quantité est bien en deçà du taux de réserve estimé à 787,925 millions de mètres cubes qui était enregistré à la même période trois ans auparavant. Cette tendance inquiétante suscite des préoccupations quant à la capacité du pays à gérer ses ressources en eau et à répondre aux besoins de sa population.
Barrages : des taux de remplissage dérisoires
La répartition de ces réserves d’eau entre les principaux barrages tunisiens révèle une situation préoccupante. Le barrage Sidi Salem, situé à Béja, est le plus grand contributeur avec 172,856 millions de mètres cubes d’eau, mais il n’est rempli qu’à 30 % de sa capacité. Les barrages de Sajnan à Bizerte et Sidi Saâd à Kairouan enregistrent des taux de remplissage respectifs de 40 % et 24 %, avec 53,077 millions de mètres cubes et 32,460 millions de mètres cubes. Bouhartma à Jendouba est également en difficulté, avec un taux de remplissage de seulement 19 %, soit 21,373 millions de mètres cubes.
Cette diminution des réserves d’eau dans les barrages est le résultat direct de la sécheresse prolongée qui a sévi en Tunisie ces dernières années. Les pluies insuffisantes et les températures élevées ont provoqué une évaporation accrue de l’eau des réservoirs, tandis que la demande en eau pour l’agriculture, l’industrie et la consommation quotidienne de la population n’a pas diminué. Cette combinaison de facteurs met en péril la stabilité de l’approvisionnement en eau en Tunisie.
La pénurie d’eau est une menace grave pour le pays à plusieurs niveaux. Tout d’abord, l’agriculture, qui représente une part importante de notre économie, dépend fortement de l’irrigation. La diminution des réserves d’eau signifie que les agriculteurs rencontreront des difficultés à cultiver leurs terres, ce qui aura un impact direct sur la production alimentaire nationale. La baisse de la production agricole pourrait entraîner une spirale de hausse des prix des denrées alimentaires, ce qui affecterait le coût de la vie pour de nombreuses familles tunisiennes.
Par ailleurs, l’approvisionnement en eau est essentiel pour de nombreuses industries, y compris le secteur manufacturier et le tourisme. Une pénurie d’eau pourrait entraîner une baisse de la productivité, des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement et des coûts accrus pour les entreprises, ce qui aurait un impact économique catastrophique sur le pays, en ce moment précis.
Il ne fait pas oublier non plus que la pénurie d’eau pourrait être à l’origine de tensions sociales. L’accès limité à l’eau potable pourrait provoquer des manifestations et des troubles sociaux.
Des mesures urgentes
Lors d’une réunion de travail consacrée aux questions d’intérêt commun entre les ministères de l’Agriculture et de l’Environnement, l’accent a été mis sur l’appréciation et l’optimisation de l’utilisation des eaux traitées dans le secteur agricole, ainsi que sur l’amélioration de leur qualité et la simplification des procédures de leur transfert, dans le contexte persistant des pénuries d’eau. Face à cette menace pressante, les autorités tunisiennes doivent effectivement prendre des mesures immédiates pour gérer la crise de l’eau. Cela pourrait inclure des restrictions sur l’utilisation de l’eau, des campagnes de sensibilisation pour promouvoir l’utilisation responsable de l’eau, des investissements dans des technologies d’économie d’eau et des mesures pour améliorer l’efficacité de l’irrigation agricole. De plus, la Tunisie doit envisager des stratégies à long terme pour faire face aux défis de la sécheresse et du changement climatique, à l’instar de la promotion de pratiques agricoles durables et la diversification des sources d’approvisionnement en eau, notamment par le dessalement de l’eau de mer. D’ailleurs, en Tunisie, plusieurs projets de dessalement de l’eau de mer sont en cours, en stade très avancé ou quasiment terminés.
Il faut dire que la Tunisie n’est pas l’unique pays à pâtir de cette situation, les pays du monde entier doivent prendre des mesures pour préserver et gérer efficacement leurs ressources en eau, car la pénurie d’eau devient une réalité de plus en plus pressante à l’échelle mondiale.